jeudi 22 janvier 2015

Affaire Roches-Noires : Le complot - Rakesh Gooljaury, l’ami qui fera tomber Navin Ramgoolam

Il faisait partie du cercle fermé de Navin Ramgoolam. Aujourd’hui, cet « ami » semble avoir laissé tomber l’ancien Premier ministre. Rakesh Gooljaury l’a ainsi dénoncé pour complot. L'ancien PM lui aurait demandé de consigner une fausse déposition. Navin Ramgoolam devrait être convoqué au CCID.
 

Navin Ramgoolam regrette-t-il d’avoir fait confiance à Rakesh Gooljaury ? Depuis dimanche dernier, le CCID a convoqué Rakesh Gooljaury, le patron de Fashion Style, pour donner sa déposition sur ce qui s’est passé au campement de Roches-Noires dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011. Des bruits courent selon lesquels ce jour-là il y avait une fête au campement de Roches-Noires. Plusieurs invités y étaient présents, dont l’ancien PM. Après la fête, il ne restait que deux personnes au campement. Il s'agirait de Navin Ramgoolam et d'une femme aux cheveux longs. Selon les éléments recueillis par la police, vers 1 heure du matin, un intrus y a fait irruption. Cet individu a volé une somme de Rs 20 000 qui se trouvait dans un placard avant de prendre la fuite.

Selon une entrée consignée dans le Dairy Book du vigile Jean-Claude Drapcan, aujourd'hui décédé, il ressort que Navin Ramgoolam aurait été victime de vol. L'agent de sécurité avait signalé sa présence et de celle d'une femme peu après l’incident. Il en avait fait état à l'arrivée de ses collègues vigiles. Des agents de sécurité ont aussi cité le nom de Navin Ramgoolam et la présence d'une femme sur les lieux. Selon l'un d'eux, Jean-Claude Drapcan aurait dit que Ramgoolam lui aurait fait des reproches et lui aurait lancé : « Ki gardien ou p gardien ! »

Une Range Rover dépose Navin Ramgoolam
Dans le Diary Book de cette compagnie de sécurité, la police a pu lire une entrée que Navin Ramgoolam se serait présenté au campement de Roches-Noires en début de soirée le 2 juillet 2011. C’est dans une Range Rover qu’il se serait pointé. Le véhicule serait ensuite reparti. Après avoir eu des informations d’un incident au campement de l’ex-PM Navin Ramgoolam, l’adjoint au Commissaire de Police (DCP) Dev Jokhoo, l’ex-patron de la National Security Service (NSS), et l’ex-DCP Rampersad Sooroojebally, qui supervisait la VIPSU, avaient fait le déplacement pour un constat.

Mais dimanche dernier, Rakesh Gooljaury avait été convoqué au CCID pour donner son enquête. Il a donné une autre version. Des dispositions avaient été prises pour qu'il débarque au CCID en toute discrétion, loin des photographes de presse et des journalistes. Il y est arrivé en présence de son homme de loi Sanjiv Teeluckdharry.

Une liste de questions avait été déjà préparée bien avant son arrivée. Interrogé 'under warning' sous la charge de « conspiracy to commit a wrongful act », par l’assistant-surintendant de Police (ASP) Seebaluck, sous la supervision de l’assistant-commissaire de police (ACP) Jangi, Rakesh Gooljaury n’a pas hésité à raconter ce qui s’est passé au campement.
Rakesh Gooljaury parle de complotC’est ainsi que l'homme d'affaires a formulé des allégations contre « son ancien ami » Navin Ramgoolam. Dans sa déposition, il explique qu’il n’était pas présent au moment du vol et qu’il n’a jamais été victime d'un quelconque vol. Il commence à tout déballer, expliquant qu’il avait reçu un appel pour venir rencontrer Navin Ramgoolam à son campement à Roches-Noires. Par la suite, il dira que l’ex-Premier ministre, le DCP Dev Jokhoo et l’ex-DCP Rampersad Sooroojebally auraient mijoté un complot pour qu’il fasse une fausse déposition au poste de police de Rivière-du-Rempart. Il soutient qu’il n'a fait qu'obéir aux instructions.

Il ressort que Dev Jokhoo aurait présenté Rakesh Gooljaury à un haut gradé du Nord. Or, les enquêteurs lui ont fait comprendre que ce haut gradé a dit qu’il l’avait attendu à Rivière-du-Rempart. L’ex-patron des services de renseignements a catégoriquement nié ces allégations. Rakesh Gooljaury, soupçonné de complot, est, ensuite, rentré chez lui sans en être inquiété, contrairement aux autres suspects Dev Jokhoo et Rampersad Sooroojebally. Il nous revient que son dossier sera référé au bureau du DPP pour connaître la suite des choses. Rakesh Gooljaury pourrait être le témoin vedette de la police.

Gooljaury, l’option II
Selon nos renseignements, au départ, Navin Ramgoolam n’avait pas choisi Rakesh Gooljaury pour venir le voir après le vol. Il aurait porté son choix sur son ami Dass Chetty. Cependant, celui-ci était injoignable. C'est ainsi que Rakesh Gooljaury a été choisi pour assumer la responsabilité.

Dass Chetty a été convoqué au CCID, vendredi dernier, à titre de témoin. Il a consigné sa déposition en présence de son homme de loi, Shakeel Mohamed. Selon lui, dans l’après-midi du 2 juillet 2011, Navin Ramgoolam l’aurait appelé et lui aurait demandé de venir le rencontrer à Roches-Noires. À son arrivée vers 17 heures, l’ex-PM n’était pas présent. Ce n’est qu’en début de soirée que Navin Ramgoolam se serait pointé.

Dass Chetty précise que Rakesh Gooljaury était, lui, présent au campement ainsi que plusieurs autres personnes, dont des couples et des enfants. Cependant, il dit ne pas pouvoir identifier les invités. Il ajoute avoir quitté les lieux vers 20 heures et qu’il n’était pas présent au moment du vol. Il a aussi expliqué que ce n'est que le lendemain matin qu'il a constaté qu'on avait essayé de le joindre à plusieurs reprises. Il dira avoir laissé son portable dans la boîte à gants de sa voiture. Au terme de son interrogatoire, Dass Chetty a été autorisé à rentrer chez lui. Nous apprenons que d’autres invités pourraient être bientôt convoqués par le CCID.

Le jeudi 15 janvier, Navin Ramgoolam devait se rendre au CCID pour un interrogatoire « under war-ning ». Mais à 6 heures, son avocat, Me Yousuf Mohamed, a été avisé que l'exercice avait été reporté, le CCID n’étant pas prêt. Navin Ramgoolam devrait être bientôt convoqué. Mercredi dernier, le DCP Dev Jokhoo et l’ex-DCP Rampersad Sooroojebally ont été, pour leur part, convoqués aux Casernes centrales. Ils ont pris connaissance des allégations portées contre eux par Rakesh Gooljaury. Le DCP Jokhoo les a catégori­quement réfutées.

L’ex-PM : « Enn volere in vini arme ek ene long zafer »
Dans sa déposition, Dev Jokhoo a expliqué avoir reçu un appel le soir du vol. En sa capacité de patron du National Security Service, il s’est vite rendu à Roches-Noires. Il a rencontré un gardien qui lui aurait dit : « Enn boug in sote depi lor balcon ». Il a alors frappé à la porte, et un homme, grand et bien bâti, s'est présenté. Ce n’est que bien après qu’il a su que cet homme était Rakesh Gooljaury. Dev Jokhoo a ensuite rencontré l’ex-PM. Navin Ramgoolam lui a lancé : « Enn volere in vini depi laho, armé ek ene long zafer ».

Selon le DCP Jokhoo, il a demandé à Navin Ramgoolam d'évacuer les lieux « pour une question de sécurité. » C'est à ce moment qu'une femme est apparue. Entre-temps, l’ex-patron de la VIPSU, Rampersad Sooroojebally, était arrivé au campement. Dev Jokhoo dit ne pas connaître l’identité de la femme. Il explique qu’elle avait de longs cheveux et portait un churidar. L’ex-PM et la femme sont sortis en compagnie de Rakesh Gooljaury. Ils sont montés à bord de la voiture de l'homme d'affaires. Après leur départ, Dev Jokhoo a informé le Commissaire de Police (CP) Dhun Iswur Rampersad et le National Security Advisor (NSA) Shantanu Mukharji de la situation. Shantanu Mukharji voulait venir sur place, mais il lui a été dit que sa présence n’était pas nécessaire.




Le matin du 3 juillet, Dev Jokhoo et Shantanu Mukharji se sont rendus sur la plage de Roches-Noires pour un constat des failles dans le système de sécurité du campement, alors que les éléments du Scene of Crime Office et de la CID faisaient leur boulot à l’intérieur. Ils ont recommandé une sentinelle armée. Une clôture de barbelés et des caméras infrarouge ont été installés autour du campement.

Dev Jokhoo a précisé que Rakesh Gooljaury est un homme d’affaires et qu'il a menti « to protect his business interests and for political reasons ». Il a aussi précisé que, depuis dimanche, Rakesh Gooljaury et sa compagne sont sous protection policière.
Les limiers du CCID voulaient savoir si Navin Ramgoolam avait été blessé lors du vol. Dev Jokhoo a expliqué, en présence de son homme de loi, Me  Mooloo Gujadhur, qu’il n’a constaté aucune blessure. Quant à Rampersad Sooroojebally, il a fait valoir son droit au silence. Il a toutefois expliqué avoir reçu un appel à la suite de cet incident et qu’il s'est rendu au campement « pour la sécurité du PM. » Il a nié les allégations portées contre lui par Rakesh Gooljaury.

Le DCP et l’ancien patron de la VIPSU ont été arrêtés. Rampersad Sooroojebally a été conduit en cellule policière à Vacoas et Dev Jokhoo a été, pour sa part, admis à l’hôpital. Ils ont comparu devant le tribunal de Mapou sous une charge provisoire de « conspiracy to commit a crime to wit effecting a public mischief ». Ils ont chacun fourni une caution de Rs 100 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 500 000. L’enquête est placée sous la supervision de l’ACP Jangi.

Nandanee Soornack entendue ?
Le CCID a des renseignements que la femme présente au campement de Roches-Noires serait Nandanee Soornack, la partenaire d'affaires de Rakesh Gooljaury et agent du Parti travailliste. Nandanee Soornack est attendue à Maurice. Elle avait pris l’avion pour Milan dans la soirée du 11 décembre. Date de la proclamation des résultats des élections générales. Depuis, elle n’est pas encore rentrée au pays. On apprend qu’elle devrait être interrogée par le CCID à son retour.

3 morts
Plusieurs personnes impliquées de loin ou de près dans l’affaire Roche-Noires sont aujourd’hui décédées. L’une des premières personnes à avoir trouvé la mort est évidemment Anand Kumar Ramdhony, dont le corps a été retrouvé pendu  en cellule policière, le 30 juillet 2011. La deuxième personne à avoir trouvé la mort dans cette affaire est l’épouse d’Anand Kumar Ramdhony, décédée des suites d’un cancer du poumon en janvier 2013. Puis, récemment, nous avons appris le décès de Jean-Claude Drapcan. Ce dernier se trouvait être le premier vigile à avoir été sur place lors de la soirée du vol dans le campement de Navin Ramgoolam. Il était l’un des premiers à avoir confié à ses collègues que Navin Ramgoolam était, bel et bien, présent dans son bungalow.

Les principaux protagonistes
Navin Ramgoolam
L’ancien Premier ministre est l'acteur principal de la saga. Tout ou presque vient de lui et va vers lui. Car l’Affaire Roches-Noires, c’est avant tout une affaire de vol d’une montre, de fête, de décès douteux, avec Navin Ramgoolam au centre. Le Premier ministre n’a pas encore été convoqué par le CCID dans le cadre de cette enquête, mais les témoignages recueillis à ce stade tendent à resserrer l’étau autour de lui.

Un ancien vigile de la compagnie Brinks, qui était sur les lieux le jour du vol, a déclaré aux enquêteurs : « J’ai vu Navin Ramgoolam avec une femme le soir du vol » au campement. Pire, Rakesh Gooljaury, l’ancien ‘ami’ de l’ex-chef du gouvernement, s’est aussi mis de la partie et a descendu Navin Ramgoolam en flèche. Il a affirmé que l'ancien PM aurait exercé des pressions sur Dev Jokhoo et Ravin Sooroojebally dans cette affaire. Navin Ramgoolam est, lui, sorti de son mutisme, jeudi dernier, pour parler de « plan machiavélique » pour mettre à terre le PTr.

Rakesh Gooljaury
C’est celui qui a été affublé du nom de «gardien campement ». Rakesh Gooljaury est un richissime homme d’affaires, à l’époque, proche de Navin Ramgoolam. Il est, en effet, partenaire en affaires de Nandanee Soornack et est actionnaire avec elle au sein de plusieurs compagnies et qui possède une myriade de magasins, dont Celio, Hugo Boss ou encore Jennyfer.

L'homme d'affaires avait, dans un premier temps, en 2011, affirmé qu’il était gardien de nuit lorsqu’un vol a eu lieu dans le campement de Navin Ramgoolam à Roches-Noires. Il s’est rétracté il y a quelques jours en disant que Navin Ramgoolam aurait exercé des pressions pour qu’il rapporte un faux vol. Rakesh Gooljaury est aujourd’hui sous protection policière.

Dev Jokhoo
Le DCP Dev Jokhoo a été interrogé pendant plusieurs heures, mercredi, est resté en détention pour ensuite être libéré sous caution. Cela fait suite à la déposition de Rakesh Gooljaury dans cette affaire qui a accusé l’ancien Premier ministre d’avoir exercé des pressions sur lui pour consigner une déposition pour vol au campement de Roches-Noires et ce en présence de Dev Jokhoo et de Ravin Sooroojebally.

Ravin Sooroojebally
L’ancien no 1 de l’Adsu, Ravin Sooroojebally, est, avec Dev Jokhoo, accusé d’avoir été present lorsque Navin Ramgoolam aurait parlé à Rakesh Gooljaury pour faire «pression» pour qu’il consigne une deposition pour vol. Après un interrogatoire serré et une détention policière, il a été libéré sous caution.

Nandanee Soornack
Elle aurait été présente lors d’une « fête » qui avait lieu lorsque le vol est survenu au campement de Roches-Noires. Les différentes dépositions faites indiquent que Nandanee Soornack était avec l’ex-Premier ministre lorsqu’un voleur les aurait surpris. La version de Nandanee Soornack sera recherchée dans le cadre de la réouverture de l’enquête sur ce cambriolage initialement rapporté par l’homme d’affaires Rakesh Gooljaury. Elle se trouve actuellement à l’étranger.

Anand Kumar Ramdony
Il se serait suicidé en détention au poste de police de Rivière-du-Rempart. Anand Kumar Ramdony serait un des « voleurs » présumés ayant pénétré dans le campement de Roches-Noires. Un décès qui a été très commenté lors de la campagne électorale et qui est devenu un des points de départ de ce qui est aujourd’hui considéré comme l’Affaire Roches-Noires.


PNQ DU 15 mai 2012 – Ramgoolam : « Je n’étais pas au bungalow au moment du vol »
L’affaire Roches-Noires était à l’agenda de l’Assemblée nationale le 15 mai 2012. Le leader de l’Opposition s’intéressait sur le déroulement de l’enquête concernant le vol survenu au bungalow de l’ancien Premier ministre. Navin Ramgoolam avait indiqué dans sa réponse que onze personnes avaient été interpellées dans le sillage de ce vol survenu dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011. De plus, selon l’ancien Premier ministre, Anand Kumar Ramdhony ne se trouvait pas sur la liste des suspects interrogés. Il avait précisé qu’Anand Kumar Ramdhony avait été arrêté pour le vol d’une montre qui n'était pas de la marque Rolex et qui n’était de surcroît pas une montre pour homme.

Par ailleurs, toujours selon le récit du chef du gouvernement de l'époque, le 3 juillet à 9 h 20, un certain D. G. avait rapporté à la police de Rivière-du-Rempart que vers 1 h 30, le même jour, un inconnu qu’il peut identifier serait entré dans sa chambre alors qu’il dormait, l’aurait menacé avec un couteau et lui aurait volé Rs 20 000 avant de prendre la fuite par une fenêtre.



« Dès que j’ai été informé, je suis parti sur place pour voir la situation de près et j’ai conseillé à D.G. de porter plainte à la police. Je tiens à ajouter que je n’étais pas présent au bungalow au moment du vol allégué. Je ne peux pas en dire davantage », disait Navin Ramgoolam, en précisant que toute personne qui a des informations doit légalement en faire état aux autorités. « Cela pourrait aider la police et le public à connaître la vérité et mettre fin aux allégations ou spéculations. » L’enquête judiciaire sur la mort d’Anand Kumar Ramdhony s’ouvrira le 13 juillet, avait-il alors annoncé.

Paul Bérenger voulait aussi connaître l’identité de la personne qui l’avait informé du vol. « Si je voulais cacher ce vol, j’aurais dit à la personne de ne pas faire de déclaration à la police, mais je lui ai justement demandé d’en faire une », avait affirmé l’ex-Premier ministre. « Il ne répond pas à ma question », avait reproché Paul Bérenger. « C’est une question de sécurité. Je ne demande pas au leader de l’Opposition ce qu’il fait de sa vie privée », avait alors rétorqué  Navin Ramgoolam.

Ce qu’avait dit Navin Ramgoolam à la radio
Le 19 avril 2012, Navin Ramgoolam accordait un entretien aux radios. Il avait été longuement interrogé sur l’affaire Roches-Noires. Voilà ce qu’avait répondu l’ancien chef du gouvernement concernant les allégations formulées par sir Anerood Jugnauth (SAJ) à l’époque.

« Mo kroir mo pou apel li bhai looké aster. Dan so vié laz la linn vinn bhai looké. Il veut savoir ce qui s’était passé dans mon bungalow acheté avec mon argent. Je ne l’ai jamais caché. Ek mo kass monn asté sa. Monn pran loan monn asté. Est-ce qu’un Premier ministre n’a pas le droit d’acheter un bungalow ? Ki sa ve dire ? Li li gayn droit ? Moi mo pas gayn droit », avait-il lancé. Et d'ajouter : « Maintenant j’ai une question pour vous. Zot labitid sa. Enn vol arivé le 3 juillet 2011. Dimunn ki ti laba inn perdi Rs 20 000. Si mwa mo ti involve, mo dir be al fer declaration lapolis.

Ne sais-je pas qu’une déclaration à la police porterait l’affaire dans le domaine public ? Akoz Rs 20 000 al fer declaration aster. J’aurais pu rester tranquille, mais j’ai encouragé le monsieur à porter plainte. Zot finn dir ki au moman sa vol la mo ti laba, mo montre inn perdi, mo Rolex inn perdi. Ek mo pena enn sel Rolex. Si j’étais victime de cambriolage, croyez-vous que je serai resté tranquille ? Je vous pose la question. Je viens de vous le dire. J’avais loué mon bungalow. Je ne crois pas que je n’ai pas le droit de m’y rendre parce que c’est mon bungalow. Au moment du vol, je n’y étais pas, mais quand j’ai appris la nouvelle je m’y suis rendu et j’ai conseillé au monsieur de porter plainte à la police. Si mwa kin fer sa, ki fer mo al fer declarasyon la polis ? »

La PNQ du 14 novembre 2011 – L’ex-PM : « Anand Kumar Ramdhony mort par asphyxie »
Bien plus que de simples faits divers, le vol survenu au bungalow de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam et le décès en cellule policière d’Anand Kumar Ramdhony ont surtout pris une tournure politique. À un tel point que cette question a, en plusieurs occasions, été soulevée à l’Assemblée nationale.

L’Affaire Roches-Noires a pendant longtemps intéressé le MMM et son leader. Paul Bérenger avait interpellé l’ancien chef du gouvernement via ses Private Notice Questions (PNQ). Nous nous souviendrons notamment de la séance parlementaire  du 14 novembre 2011 où Paul Bérenger s’était intéressé aux circonstances de la mort d’Anand Kumar Ramdhony en cellule policière et sur le déroulement de l’enquête qui s’en était suivie. Le leader des Mauves avait demandé à Navin Ramgoolam l’implication des deux fils d’Anand Kumar Ramdhony dans l’exercice d’autopsie. L’autre partie de la question portait sur la présence des éléments de la Very Important Person Security Unit (VIPSU) au poste de police de Rivière-du-Rempart le 30 juillet 2011.

Cette interpellation de Paul Bérenger avait été l’occasion pour l’ancien Premier ministre de revenir sur les circonstances qui avaient mené à l’arrestation d’Anand Kumar Ramdhony. Dans sa réponse, Navin Ramgoolam avait fait ressortir qu'Anand Kumar Ramdhony s’était fait coincer par la police après avoir acheté une montre d’une valeur de Rs 7 000 à un certain Jacques Laval Bigaignon pour Rs 200. « Une charge provisoire de ‘possession of stolen property’ avait été logée contre lui, alors qu’une charge provisioire de ‘larceny’, avait été retenue contre le nommé Bigaignon. Cette montre appartenait à l’épouse de Jacques Laval Bigaignon. L'homme l’avait dérobée avant de la revendre à Anand Kumar Ramdhony.

Confiance en la police
Revenant sur les circonstances du décès d'Anand Kumar Ramdhony le 30 juillet 2011 aux alentours de 4 h 45, Navin Ramgoolam avait informé l’Assemblée nationale que les policiers avaient conclu que le détenu s’était donné la mort par pendaison. Les deux fils du défunt avaient, par la suite, été informés qu’ils avaient le droit de solliciter les services d’un médecin du privé pour assister à l’autopsie qui allait être effectuée sur leur père. Mais, selon Navin Ramgoolam, les deux fils avaient exprimé leur confiance en la police et avaient refusé de solliciter l’avis d’un médecin du privé.

Cette PNQ avait alors laissé place à un duel entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam. Le leader de l’Opposition, visiblement insatisfait par la réponse fournie par le leader du PTr, avait exprimé ses réserves par rapport à la manière de procéder de la police. Selon lui, c’était des juniors qui étaient en service au moment du drame. Mais Navin Ramoolam s’était montré ferme dans sa réponse et avait argué que tout avait été fait selon les procédures. L’autopsie avait conclu qu’Anand Kumar Ramdhony était mort par asphyxie après s’être pendu, avait fait ressortir l'ancien chef du GM.

Le fils d’Anand Kumar Ramdhony : « Il est impossible de mourir dans de telles circonstances »
Suite à la réouverture de l’enquête policière sur l’affaire Roches-Noires, le fils d’Anand Kumar Ramdhony avait salué cette initiative. « C’est un pas en avant, car ces dernières années ont été très pénibles pour nous. Mes parents sont décédés. On n’a plus personne sur qui compter. Cela a brisé notre famille », a-t-il déclaré. « J’entrevois une lueur d’espoir que la vérité sera faite sur cette affaire. Il est impossible pour une personne de mourir  dans de telles circonstances », a-t-il poursuivi.

Chronologie
C’est durant la nuit du 2 au 3 juillet 2011 que débute ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire  Roches- Noires.

1 h 20 le 3 juillet un individu pénètre dans le campement du Premier ministre d’alors, Navin Ramgoolam, et commet un vol.
Le même jour, l’homme d’affaires Rakesh Gooljaury et proche ami de Navin Ramgoolam, consigne une déposition pour vol à la police de Rivière-du-Rempart. Il explique aux policiers qu’il était seul au moment des faits. Un inconnu armé aurait surgi et volé une somme de Rs 20 000. Le bruit courait que lors du cambriolage une montre Rolex aurait également été emportée.

Juillet- août 2011 : dans le cadre de l’en­quête sur ce vol, les policiers procèdent à l’arrestation de 11 suspects qui seront par la suite relâchés faute de preuves.

Le 30 juillet 2011 : le corps sans vie d’Anand Kumar Ramdhony est retrouvé dans sa cellule au poste de police de Rivière-du-Rempart. Il avait été arrêté pour le vol d’une montre. L’autopsie conclut  à un suicide. Sa mort suscite, cependant, de nombreuses interrogations, notamment sur la montre qu’il aurait eue en sa possession. Sa famille pense qu’il a été victime d’un acte malveillant.

19 avril 2012 : Dans une interview accordée à des journalistes de trois radios privées, Navin Ragoolam soutient qu’il avait loué le bungalow à une tierce personne et qu’il n’était pas présent au moment des faits. « Dès que j’ai appris le vol, je me suis rendu sur place. J’ai conseillé à la personne de porter plainte ».

Le 15 mai 2 012 : la Private Notice Question de Paul Bérenger à l’Assemblée nationale est axée sur les événements survenus au bungalow de Roches-Noires. Navin Ramgoolam soutient être le propriétaire du campement et affirme également qu’il n’était pas présent au moment du vol. Interrogé sur la mort d’Anand Kumar Ramdhony, il précise que l’arrestation du défunt n’avait rien à faire avec le vol perpétré à Roches-Noires.

Durant la même année, une enquête judiciaire est initiée pour faire la lumière sur la mort d’Anand Kumar Ramdhony. Pendant plusieurs mois, plus d’une vingtaine de témoins sont  entendus. Le 17 octobre 2 012, lors de l’audition de Jean Laval Bigaignon, détenu au même moment qu’Anand Kumar Ramdhony, ce témoin  soutient avoir entendu des bruits « inexpliqués » peu avant la découverte macabre. Un sergent du Scene of Crime Office   a déclaré, de son côté, n’avoir noté aucune trace de violence dans la cellule après la mort du détenu. L’enquête judiciaire, présidée par la magistrate Shefali Ganoo,  conclut qu’il n’y a pas eu de «  foul play » dans la mort d’Anand Kumar Ramdhony.

Décembre 2014: sir Anerood Jugnauth, annonce la réouverture de l’enquête sur le vol au bungalow de l’ancien Premier ministre et la mort d’Anand Kumar Ramdhony.

Le 8 janvier 2015 : les enquêteurs du Central CID, procèdent aux premières auditions. Quatre vigiles de la compagnie de gardiennage Brinks sont entendus. Ils étaient arrivés en renfort peu après le vol signalé au campement. L’un d’eux soutient que Jean Claude D., décédé en 2 013, l’aurait affirmé que Navin Ramgoolam était sur place.

Le 9 janvier 2015 : un ancien vigile est également entendu. Il soutient avoir vu l’ancien Premier ministre à ce bungalow le soir du vol, ajoutant même que Navin Ramgoolam était en compagnie d’une femme.

Le 11 janvier 2015 : Rakesh Gooljaury se rend au CCID en compagnie de son homme de loi. L’homme d’affaires déballe tout et soutient qu’il aurait agi sur les instructions de l’ancien Premier ministre. Il cite également les noms du DCP Dev Jokhoo et de l’ancien numéro un de l’ADSU et de la VIPSU qui étaient, selon lui, présents lorsque Navin Ramgoolam lui aurait demandé de rapporter le vol à la police.

Le 14 janvier 2015 : le DCP Dev Jokhoo et  l’ancien haut gradé, Ravin Sooroojebally, sont interrogés « under warning ». Ils sont arrêtés et passent la nuit en détention policière.

Le 15 janvier 2015 : l’interrogatoire de Navin Ramgoolam annoncé pour ce jour est renvoyé. Dans la même journée, le DCP Dev Jokhoo et Ravin Sooroojebally sont libérés après été provisoirement inculpés devant le tribunal de Mapou de «  conspiracy to commit a crime to wit effecting a public mischief ».

Le 16 janvier 2015 : Dass Chetty est entendu au CCID. Après s'être expliqué sur sa présence au campement de Roches-Noires dans la nuit du 3 juillet 2 011, il est  autorisé à rentrer chez lui.


Source  : ledefi   
 
 
 

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