Un jeune britannique d’une vingtaine d’années est suspecté d’être à l’origine du piratage des comptes Twitter et YouTube du Pentagone. Junaid Hussain est connu pour avoir publié en ligne des données personnelles de l’ex-Premier ministre Tony Blair.
L’homme à la tête du groupe de pirates informatiques “CyberCaliphate”, soupçonnés d’avoir piraté, lundi 12 janvier, les comptes Twitter et YouTube du Pentagone, aurait été identifié. Il s’agirait de Junaid Hussain, un britannique d’une vingtaine d’années, assure l’agence Reuters, citant des sources proches de l’enquête.
Ce jeune homme, qui a rejoint la Syrie en 2012, fait figure de candidat idéal au poste de pirate informatique en chef de l’organisation de l’État islamique (EI). Il serait à l'origine du compte Twitter Abu Hussain al-Brittani (aujourd’hui suspendu) qui a revendiqué au nom du “CyberCaliphate” le piratage des sites de deux médias américains (l’”Albuquerque Journal” et la chaîne de télévision du Delaware WBOC). Surtout, il est peu ou prou le seul membre de l’EI identifié avec des compétences avérées en piratage informatique.
Non religieux, mais anarchiste
Junaid Hussain a, en effet, connu son quart d’heure de gloire médiatique après avoir obtenu, en 2011, des informations personnelles sur l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, en piratant le compte email de l’une de ses assistantes. Arrêté pour ce forfait, il a écopé d'une peine avec sursis en 2012.
À l’époque, ce natif de Birmingham était, sous le pseudonyme de Trick, la figure emblématique d’un groupe de huit pirates informatiques appelés Teampoison. Fort de sa notoriété, le jeune homme - il n’avait alors que 17 ans - ne s’était pas gêné pour parler à la presse britannique. Junaid Hussain affirmait notamment, au quotidien “The Telegraph”, que son groupe n’avait aucune motivation politique ou… religieuse. Il se décrivait alors comme un anarchiste qui n’avait “peur de personne et ne respectait aucune autorité” et qu'il était “entièrement dévoué à la cause” de Teampoison.
Ce groupe de pirates informatiques a même collaboré avec le collectif d’hacktivistes Anonymous en 2011. Les deux mouvements ont mené ensemble l’opération #OpRobinHood, qui consistait à voler des banques puis a reverser l’argent à des organisations caritatives. Les amis d'hier sont devenus les meilleurs ennemis d'aujourd'hui : après l'attentat contre "Charlie Hebdo", Anonymous a répliqué en ciblant les sites jihadistes, ce qui a déclenché une contre-attaque, notamment, du "CyberCaliphate".
Proche de “Jihadi John” ?
Il semble donc y avoir deux Junaid Hussain. Celui, apolitique et non-religieux, qui fréquentait Anonymous et s’en prenait aux riches pour donner aux pauvres. Et celui qui, après sa condamnation en 2012, a fui en Syrie pour faire le jihad, alors qu’il était en liberté conditionnelle. Mais ce changement de personnalité n’est, probablement, pas survenu du jour au lendemain.
La rhétorique du groupe Teampoison reposait, en partie, sur la défense du monde musulman contre les "mensonges des occidentaux". Ainsi, l’opération Robin Hood a visé tout particulièrement des banques israéliennes. Junaid Hussain a, en outre, affirmé que le “terrorisme n’existait pas” et que le terme était une invention du monde occidental pour s’en prendre aux musulmans.
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